Hypersensibles. Les personnes atteintes de troubles du spectre autistique rencontrent de nombreuses difficultés au quotidien. Face aux lumières, aux sons et aux bains de foules, Christelle Berger, présidente de l’association Espoir mon futur, a mis en place avec l’aide d’Isabelle Ouzet, directrice des ressources humaines chez Coop-Atlantique, une heure silencieuse plongeant l’hyper U de Vierzon dans le calme. Rencontre.

Pourquoi avoir voulu mettre en place l’heure silencieuse ?

Christelle Berger : Cela vient d’une problématique personnelle. J’ai une jeune fille de 16 ans qui a un TSA, qui a des troubles sensoriels. Je me suis aperçue que faire les courses dans les grandes surfaces était difficile pour elle. Elle était très anxieuse. Elle se renfermait sur elle-même. Au moindre appel au micro, cela s’amplifiait.

Isabelle Ouzet : Christelle Berger est venue me voir pour me parler de cette idée. J’ai été beaucoup touchée par la démarche et par son association. C’était évident pour moi de mettre en avant cette initiative. Je trouve ça normal d’aider les autres à son échelle et ça s’est fait de manière très naturelle.

Ça n’a pas été trop difficile de mettre en place cette initiative ?

C.B : Pas du tout ! Isabelle Ouzet a été très à l’écoute. D’ailleurs, il n’y a aucun impact financier, cela demande juste un hypermarché qui a envie de le faire avec des employés qui ont envie de le faire. J’ai fait des informations à destination des clients, des ateliers pour expliquer aux salariés la démarche. Ils étaient très enjoués. Les appels à micro ont donc été arrêtés, une lumière sur trois seulement fonctionnait, les télévisions dans les rayons coupées et les employés échangeaient via téléphones portables.

I.O : J’ai été voir ma direction qui a accepté sans problème. Cela a mis du temps, ça ne s’est pas fait de suite. Mais nous étions très motivés. J’ai suivi le projet, relancé l’initiative, mis en place des ateliers avec Christelle pour sensibiliser les employés, sans oublier la pose de grandes affiches dans les salles communes. Puis le premier mardi de décembre 2018 l’heure silencieuse s’est lancée.

Pourquoi il n’y a-t-il pas une généralisation de cette pratique ?

I.O : A la suite d’une enquête de satisfaction nous avons vu que les personnes âgées, stressées et même les employés étaient tranquillisés pendant cette heure silencieuse. J’ai donc essayé de sensibiliser autour de moi. Dominique Schelchern, président directeur général du groupe Système U et Hervé Flambard président directeur général de Coop-Atlantique ont déclaré vouloir généraliser cette démarche. Un supermarché de la région m’a même appelé pour obtenir des conseils. Même si cela avance, cela avance peu. Il faudrait pouvoir s’appuyer sur la loi.

C.B : Nadia Essayan, députée de la circonscription du Cher s’est saisie de cette question afin de généraliser cette pratique. Aujourd’hui, je pense que l’heure que nous avons mise en place est une première étape. C’est important, même si je trouve que c’est encore trop peu. Je pense que les gens ne sont pas toujours informés, il faut que ce soit porté par des associations, car il faut sensibiliser. D’ailleurs, d’autres personnes comme les seniors, celles atteintes d’hyperacousie, ou même des personnes lambda ont beaucoup aimé ce changement d’environnement.

Comment gère-t-on au quotidien les problématiques d’achat pour les personnes en difficulté ?

I.O : Nous avons un devoir d’accueil et d’adapter l’espace. En mettant par exemple à disposition une caisse prioritaire assez large pour le passage de fauteuils roulants ou des personnes en difficultés, de mettre devant les produits des étiquettes digitales ayant un affichage plus gros.

C.B : On doit sur-penser les gestes simples. Aller à l’école, faire ses courses… Nous avons même testé le casque réducteur de bruit. Donc nous entrons souvent dans un procédé d’évitement. On évite les centres commerciaux. Ce qui est dommage c’est que ma fille ne peut pas développer son autonomie.

Avez-vous un projet, une initiative, une idée que vous souhaiteriez par-dessus tout mettre en place ?

C.B : Idéalement, j’aimerais favoriser l’inclusion scolaire et sociale, en aidant à développer l’autonomie. J’aimerais que le « un pour un » se développe, c’est-à-dire mettre en place l’accompagnement d’un enfant par un accompagnateur, que cela ne soit plus à la charge des parents ou des aidants. J’aimerais que l’on puisse les accueillir sur n’importe quel lieu de vie, jusqu’à l’inclusion en milieu professionnel.

I.O : Je suis à l’écoute des moindres demandes. Il y a toujours des solutions si l’on souhaite changer et adapter l’espace d’une grande surface. Il est parfois difficile de voir où les changements sont nécessaires, jusqu’à ce que l’on y soit confronté.

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